Il y a 4 ans, la distillerie Depaz a choisi de changer sa méthode de culture de la canne à sucre, en modernisant un procédé ancestral et en l’adaptant au terroir de la distillerie dans le nord de la Martinique.
Cette technique appelée BPG (Boutures Pré-Germées) consiste isoler les boutures de la canne à sucre et de la faire germer sous serre pendant 2 mois, avant de les planter dans le sol.
Elle apporte plusieurs avantages environnementaux, mais également en terme de technique culturale, ainsi qu’au niveau social en privilégiant une agriculture raisonnée et éco-responsable.
Alors qu’en est-il vraiment? Tout d’abord, en terme de technique culturale – et d’économie:
La culture traditionnelle de la canne à sucre en Martinique, nécessite environ 20 tonnes de cannes pour planter 1 hectare de terre, alors que grâce à la méthode BPG, on ne nécessite plus que d’une tonne de cannes pour replanter la même surface, ce qui équivaut seulement 5% de la quantité initiale.
Pour Depaz, cela représenterai aujourd’hui un besoin annuel de 100 tonnes de cannes à sucre, alors qu’initialement nous nécessitions 2000 tonnes de cannes pour replanter nos champs. Quand nous planterons toutes nos parcelles en BPG, cela nous permettra de faire une économie de 1900 tonnes supplémentaires, que nous pourrons ainsi envoyer à la distillerie, sans augmenter nos surfaces, ni nos rendement.
Aujourd’hui nous produisons des BPG pour 70 ha de plantations. L’objectif à terme étant de planter la totalité de nos terres en BPG.
Cette nouvelle méthode de plantation apporte également un gain en rendement par hectare de +10% à +15% par rapport à la méthode traditionnelle.
En terme de vitesse, nous plantons jusqu’à 3ha par jour grâce cette méthode, alors que nous ne faisions qu’1,5ha par jour avec la méthode traditionnelle, ce qui nous permet de planter la quasi totalité de l’année, au lieu de ne planter que de juillet septembre et ainsi de mieux répartir les risques climatiques et de disposer de plus de temps pour une meilleure préparation des sols.
Et l’environnement alors?
Concernant la partie environnementale, la méthode BPG nous permet d’utiliser 5 fois moins de gasoil par hectare planté et donc ainsi de réduire la pollution provoquée par nos machines.
Nous réduisons également fortement la compaction des sols en utilisant moins de matériel et des engins agricoles plus légers.
La méthode BPG permet également de pratiquer des méthodes de binage mécanique très précis en plantant à l’aide d’un GPS, pour lutter plus facilement contre les mauvaises herbes et donc également réduire drastiquement l’utilisation d’herbicides.
Et pour la partie sociale ?
La mise en place de cette technique et de son exploitation a permis de créer, à ce jour, 7 nouveaux emplois sur la commune de Basse-Pointe, entièrement dédiés à la production de BPG et a nettement amélioré la qualité de travail des planteurs, rendu moins pénible, grâce à l’adaptation et à la modernisation des outils de travail.
Une idée ?
Et si la distillerie Depaz allait plus loin, en utilisant l’énergie hippomobile,le bénéfice serait doublé. Faire un geste pour limiter la consommation d’énergie fossile et préserver les chevaux de traits. Alors encore un petit effort car la présence animale a des vertus apaisantes.
Antony Etelbert.